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CERDAGNE LA VALLÉE SOLAIRE
PYRÉNÉES-ORIENTALES, FRANCE © LUCAS SANTUCCI / AGENCE ZEPPELIN
La Cerdagne est l'une des régions les plus ensoleillées de France. Située dans l'est du massif pyrénéen, cette haute plaine culmine à 1500 mètres d'altitude et bénéficie de 2400 heures de soleil par an. Depuis les années 1950, elle s'est imposée comme un territoire d'expérimentation mondial en matière d'énergie solaire : après le four d'Odeillo et la tour Thémis à Targassonne, la centrale Ello est mise en service en 2019. Elle peut produire de l'électricité pendant 4 heures sans soleil.
Les pionniers du solaire

En 1947, le professeur Félix Trombe et son équipe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), choisissent Mont-Louis pour construire le premier four solaire de puissance à double réflexion du monde. Composé de miroirs (« héliostats »), d'une parabole (« concentrateur ») et d'un four, il concentre une grande quantité d'énergie solaire en un point fixe. D'une puissance de 45 kW, il permet d'obtenir une température de plus de 3000°C. Les premières études sont réalisées sur les matériaux réfractaires. Aujourd'hui, cet outil de recherche est devenu un four artisanal ouvert au grand public pour le sensibiliser à l'énergie solaire.

Le four d'Odeillo : un joyau unique

Au début des années 1960, le gouvernement français entreprend la construction d'un grand four solaire à Font-Romeu-Odeillo-Via. Composé d'un champ d'héliostats qui suivent le soleil et le renvoient sur une parabole de 1830 m² de miroirs, il atteint une température de 3800°C au niveau du foyer. A l'heure actuelle, il est toujours le plus puissant au monde (1000 kW). Cet outil de recherche géré par le laboratoire PROMES du CNRS rassemble des chercheurs du monde entier sur différents sujets tels que l'étude de matériaux pour des applications spatiales (avec la NASA, le CNES et l'ESA), la production de carburants solaires synthétiques, l'étude de moyens de stockage d'énergie innovants et la conversion de l'énergie solaire en électricité.

Thémis : la première centrale solaire thermique à concentration

En 1979, à la suite des chocs pétroliers successifs, la nécessité de développer d'autres sources d'énergie pousse EDF et le CNRS à la construction de Thémis : la première centrale solaire de type « tour à concentration » au monde. Mais différents choix politiques conduiront à l'abandon de cette centrale, bien que ce concept soit toujours utilisé ailleurs dans le monde. Installée sur la commune de Targassonne, l'ancienne centrale appartient désormais au conseil départemental des Pyrénées-Orientales. Elle héberge plusieurs entreprises et une équipe du laboratoire PROMES (CNRS) qui l'utilise pour ses recherches. Ils conçoivent et expérimentent les nouvelles générations de récepteurs qui serviront dans les prochaines tours solaires. Le projet Next CSP teste à grande échelle la technologie de la micro-particule pour la production électrique dans ce type de centrale, tandis que le projet Polyphem conçoit et expérimente des échangeurs de chaleur pour créer de l'électricité au moyen d'une turbine à gaz.

eLLO : quatre heures de fonctionnement sans soleil

Inaugurée en 2019, eLLO est une nouvelle centrale solaire thermodynamique à concentration à miroirs de Fresnel. Construite par la société française SUNCNIM, elle est la première du genre à être dotée de 4 heures de stockage, ce qui lui permet de continuer la production d'électricité pendant la nuit ou en l'absence d'ensoleillement. Sur 36 hectares, 153 000 m² de miroirs réfléchissent les rayons du Soleil sur les tubes récepteurs qui transforment l'eau circulant dans ces tubes en vapeur à une température de 286°C et une pression de 72 bars. Cette centrale produit 20 GWh d'électricité injectée au réseau, ce qui représente la consommation électrique d'environ 6 000 foyers. Bien que de petite taille en comparaison aux centrales solaires actuelles, et difficilement reproductibles en France, eLLO est un démonstrateur du savoir-faire français. Le constructeur développe son activité à l'export dans la production électrique ou de vapeur à l'industrie.

© LUCAS SANTUCCI / AGENCE ZEPPELIN






LE PHOTOGRAPHE LUCAS SANTUCCI
D'abord ingénieur agronome, puis photo-journaliste, Lucas a intégré l'équipe d'Under The Pole comme responsable logistique et partenariat. Il a embarqué pour 18 mois d'expédition au Groenland dans la promiscuité d'un voilier où il s'est affirmé comme photographe terrestre et sous-marin. Après avoir documenté 9 mois de navigation qui l'ont amené à 80°Nord, Lucas a vécu l'hivernage pris dans les glaces, à quelques kilomètres d'un village de chasseurs-pêcheurs.