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PSYCHÉDÉLIQUE DÉSERT
SAN LUIS POTOSÍ + VILLA DE ARISTA, MEXIQUE © JEAN-FÉLIX FAYOLLE / AGENCE ZEPPELIN
Face à la violence et la précarité, la jeunesse populaire du Mexique ne perd pas espoir. Endiablés par les rythmes de la cumbia, les habitants des quartiers de San Luis Potosí cultivent une spiritualité haute en couleurs. Bercés par les rendez-vous religieux, de plus en plus se rapprochent aujourd'hui des croyances ancestrales. Comme un pèlerinage, ils se rendent en bandes au milieu du désert. Là, le temps d'un week-end, ils organisent des cérémonies en consommant le peyotl, un cactus sacré aux effets psychotropes. Loin des lumières de la ville, ils invoquent Kauyumari, un dieu aux allures de cerf bleu qui, selon la tradition huichole, culture préhispanique dans le centre du pays, a permis au soleil de se lever de nouveau pour sauver l'humanité.

Plusieurs fois témoin de cet « appel du peyotl », le photographe croise ici les images de transe dans la nature avec celles de la culture urbaine. Depuis 16 ans, Jean-Félix Fayolle illustre en effet la vida loca et ses conséquences sur les jeunes générations de San Luis Potosí.
[San Luis Potosí, Mexique] Des enfants du quartier de Pavón sur la place de la bande des Monjes jouent autour d'un feu où sont brûlés bois et cartons qui traînaient par là.





[San Luis Potosí, Mexique] Milhouse habite au quartier de Pavón à San Luis Potosí. Il a peint dans sa chambre le Kayaumari, le cerf bleu qui représente le guide spirituel du désert dans la culture préhispanique huichole. Kauyumari aurait permis au soleil de se lever de nouveau, sauvant ainsi l'humanité de l'oscurité.


[San Luis Potosí, Mexique] Lors de l'anniversaire du Sonido Kiss Sound, célèbre groupe de DJ de San Luis Potosí, nombreuses sont les bandes à participer à cette soirée. Ils arborent des pancartes avec des messages, le nom de leur bande, de leur quartier ou leurs propres noms pour que le DJ les cite.


[San Luis Potosí, Mexique] Chaque jeudi, la bande qui se retrouve pour aller dans le désert participe à un rassemblement de cyclistes qui promeut l'usage et le respect du vélo. Ce soir-là, ils se sont appropriés le périphérique intérieur en y bloquant de force la circulation automobile.


[Villa de Arista, Mexique] Après avoir demandé la permission de rentrer dans l'espace sacré du désert, et que tout se passe pour le mieux pendant ce voyage, le groupe reprend la marche pour se rendre sur le lieu où se déroulera une cérémonie inspirée des rites huichols.
[Villa de Arista, Mexique] Après avoir quitté la route de terre, le groupe s'apprête à rentrer dans le lieu sacré. À l'ombre de deux arbres qui représentent la porte de ce monde mystique et magique, la bande réalise une prière collective en cercle, chacun main dans la main.





[San Luis Potosí, Mexique] Les membres des Tropijuniors, la nouvelle génération de la bande des Tropilocos, roulent et fument des joints de marijuana dans la rue, au pied de la fresque qui représente les personnes de la bande parties trop vite.


[San Luis Potosí, Mexique] Milhouse réalise un graffiti sur le réservoir d'eau sur le toit d'un immeuble de son quartier. Il peint les initiales de sa bande, los PGR qui signifie « Pavón Graff Rifa » (le graff de Pavón qui déchire tout).


[Villa de Arista, Mexique] Milhouse vient de couper un petit peyotl. Ceux à 5 segments, les « venaditos », représentent le cerf bleu, le « guide spirituel du désert » dans la culture huichole. On dit qu'ils sont très puissants malgré leurs petites tailles.


[Villa de Arista, Mexique] Depuis qu'il a consolidé son apprentissage de guide, Milhouse trouve régulièrement des plumes. Les plumes servent à « nettoyer les corps des mauvaises vibrations » qui sont alors jetées au feu pour être « éliminées ».


[San Luis Potosí, Mexique] Capu a invité Cesarin, rencontré dans le désert, à venir faire une séance de rapé chez lui. Originaire d'Amérique du Sud, ce rite requiert d'employer une poudre à base de tabac et diverses plantes. Insufflé dans chacune des narines, il permet d'accéder à un état de transe et « d'évacuer les mauvaises énergies ».


[Villa de Arista, Mexique] Capu, Palas et Milhouse installent l'autel au pied d'un vieux yucca. Chacun rapporte des objets qui lui sont chers, comme de l'artisanat huichol (bracelets, colliers, yeux de dieu), des bougies, des icônes religieuses, ou encore ces petites pointes de flèches en pierre précolombiennes.


[San Luis Potosí, Mexique] Dans le centre-ville historique de San Luis Potosí, le quartier de San Sebastian est sillonné par les voies de chemin de fer qu'empruntent les trains de marchandises. Au loin, les montagnes du désert.


[Villa de Arista, Mexique] Dans une ambiance entre chien et loup, le campement est illuminé par le feu au cœur d'une pleine nature. Il n'est pas rare d'entendre les hurlements de coyotes en meutes à différents endroits autour du campement.
[Villa de Arista, Mexique] Kukuy coupe un peyotl juste avant le début de la cérémonie. Il est arrivé un peu plus tard que les autres et n'a pas encore pu aller « chasser le cerf bleu » représenté par ces petits cactus sacrés.





[Villa de Arista, Mexique] Avant le début de la cérémonie au campement des « Yukas Family », Milhouse dispose des « yeux de dieu » (ojos de Dios) sur le yucca où est disposé l'autel.


[San Luis Potosí, Mexique] La bande du Callejon célèbre la Vierge de San Juan de los Lagos chaque 2 février dans la rue. Il est alors fréquent de faire danser des torritos, des taureaux pyrotechniques.
[San Luis Potosí, Mexique] La bande des Tropilocos célèbre San Judas Tadeo, saint patron des causes perdues ou désespérées, dans la rue principale de leur quartier dans le centre-ville de San Luis Potosí. Cette soirée a lieu chaque 28 octobre. La fresque représente plusieurs membres de la bande partis trop vite, souvent assassinés, autour du feu la nuit dans le désert au milieu des peyotls, des montagnes et du ciel étoilé.





[San Luis Potosí, Mexique] Pour célébrer la Santa Muerte, la bande des Vampiros a invité un DJ qui mixe dans la caisse d'un camion, au devant duquel un membre fait le show en enflammant une bombe de peinture.


[Villa de Arista, Mexique] Une marmite pleine d'eau et de fruits commence à chauffer sur le feu. Chaque personne du groupe devra préparer un peyotl qu'il ajoutera à cette potion qui sera bue au cours de la nuit.
[Villa de Arista, Mexique] Parce que le feu est « le cinquième point cardinal qui permet de connecter la terre au cosmos, qu'il permet de résoudre les problèmes dont on lui fait part, et d'éliminer les mauvaises énergies qu'on lui jette », il convient de l'alimenter toute la nuit et de lui donner du copal.





[San Luis Potosí, Mexique] La bande des Pitufos (les Schtroumpfs) du quartier de la Netza dans le centre-ville de San Luis Potosí célèbre son anniversaire avec le DJ Rumba 2000 dans une rue de leur quartier. Avec fumigènes et lasers, l'ambiance de rue se rapproche de celle d'une boîte de nuit.


[Villa de Arista, Mexique] Lorsque quelqu'un consomme du peyotl durant une cérémonie, il arrive un moment où il est généralement pris de visions. Son environnement prend des formes ou des couleurs particulières, et que « des messages lui parviennent » comme dans un rêve éveillé.
[Villa de Arista, Mexique] Avec le lever du soleil et le feu, toutes les mauvaises énergies qui ont pu se manifester pendant la nuit disparaîtront. Le lever du soleil est comme une renaissance pour le groupe qui a participé à la cérémonie toute la nuit sans dormir.





[San Juan de los Lagos, Mexique] Après 200 km de marche dans des conditions difficiles avec un Christ sur le dos, Capu atteint son objectif : se recueillir devant l'icône de la Vierge de San Juan de los Lagos.


[Villa de Arista, Mexique] Pour clore la cérémonie, Milhouse et Palas bénissent et nettoient une dernière fois les participants à l'aide de plumes et d'une queue de cerf trempée dans de l'eau bénite.
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LE PHOTOGRAPHE JEAN-FÉLIX FAYOLLE
Engagé dans la photographie sociale documentaire, Jean-Félix concentre son travail sur des personnes laissées en marge de la société, notamment dans des zones urbaines complexes en Amérique Latine, aux Philippines et en France. Suite à sa contribution à des projets d'éducation à l'image au sein de l'association Kouakilariv', il cofonde le collectif Iris Pictures. Installé à Nantes, sa région d'origine, il répond également à des commandes pour des collectivités, des entreprises, des associations et pour la presse.
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Dans les quartiers populaires de San Luis Potosí, la vie est dure et devient dangereuse. Au milieu des drogues et des armes, les adolescents grandissent en bandes pour mieux traverser la vida loca. Souvent graffeurs et tatoués, ils dansent sur la cumbia sans faire de politique. L'un d'eux deviendra pourtant député avant d'être assassiné. Ici bas, le culte de la Santa Muerte est aussi évident que celui de San Judas Tadeo, patron des causes perdues.