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HUMANITAIRES ET PILOTES DE BROUSSE
GUINÉE ET RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE © ZEPPELIN
Acteur essentiel de l'effort humanitaire international, Aviation Sans Frontières mobilise depuis 1980 son expertise, ses avions et le réseau aérien pour aider les plus démunis. L'ONG regroupe 800 bénévoles pour acheminer l'aide d'urgence depuis la France et ses bases à l'étranger, et pour transporter et accompagner des personnes partout dans le monde. Elle est le trait d'union entre 1000 organisations et leurs bénéficiaires. Autant de missions indispensables à la chaîne humanitaire dont Aviation Sans Frontières est un maillon fort.
Voler au secours des plus démunis

Bangui, République Centrafricaine. Le ciel se noircit depuis quelques minutes et deux pilotes ne sont pas mécontents d'être au sol. Florian et Charles viennent d'atterrir : ils consignent leurs heures de vol tout en consultant le radar météo : « Il y a trois heures, on ne détectait rien de particulier, mais maintenant, il y a une concentration de cumulo-nimbus sur 150 km de large… c'est comme ça en Afrique, » avertit Florian. Missionnés par Aviation Sans Frontières pendant plus d'un mois, ils volent tous les jours en binôme pour transporter du personnel humanitaire, acheminer des produits de première nécessité ou effectuer des évacuations sanitaires. Cette semaine, ils sont rejoints par Jean-Claude, le chef-pilote, qui est venu renouveler leurs qualifications.

A huit heures du matin, ils montent dans leur Cessna Caravan, le plus léger des avions que l'on puisse actuellement trouver sur le tarmac de Bangui. Il est arrivé en mars 2015 pour répondre aux besoins des ONG dispersées dans le pays. Aujourd'hui, les tensions communautaires sont encore palpables et la MINUSCA (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique) continue de sécuriser les lieux stratégiques tels que l'aéroport. D'ailleurs, des Casques bleus jalonnent la piste pour retenir les centaines de réfugiés qui menacent de la traverser. Une situation ordinaire pour Florian qui libère les 675 chevaux de son avion pour s'envoler.

Aujourd'hui, ils mettent le cap sur Boda pour embarquer des humanitaires et divers colis. Le trajet ne prend qu'une demi-heure, alors qu'il faut compter six heures par la route, ou pire si l'on croise des pillards. Tel un sillon rougeâtre dans la forêt buissonnante, la piste est déjà visible. Florian fait un passage à basse altitude pour vérifier qu'il n'y ait pas de véhicules, de personnes, ni d'animaux en travers. La voie est libre, mais la pluie n'a-t-elle pas raviné le sol ? Difficile à voir. Le pilote choisit d'atterrir et l'avion roule bientôt sur la latérite. C'est une piste bien entretenue, mais il ne faut rien laisser au hasard : « 750 mètres, ce sera trop court pour décoller à pleine charge, » prévient Florian qui scrute le terrain pour repérer d'éventuelles termitières. Il coupe les gaz, et la chaleur envahit aussitôt la cabine. Dehors, une cinquantaine d'ouvriers s'activent au défrichage. Ce sont les cinq ONG présentes à Boda qui se sont cotisées pour agrandir la piste. Un projet qui permettra d'augmenter la capacité d'emport de l'avion, soit quatre passagers de plus. Très maniable et de conception robuste, le Cessna a l'avantage de pouvoir se poser sur des pistes sommaires. Entre Bangui et l'arrière-pays, les Nations Unies ont déjà déployé trois avions moyen-porteurs pour desservir les destinations les plus fréquentées, mais ceux-là ne peuvent se poser sur les petites pistes de brousse. Par ailleurs, contrairement aux avions onusiens dont les plannings de vol sont fixes, les pilotes de l'ONG ont la capacité de réagir rapidement aux demandes des autres acteurs humanitaires pour réaliser des évacuations sanitaires d'urgence, acheminer de l'aide ou secourir le personnel menacé.

En 35 ans, Aviation Sans Frontières est devenue un opérateur aérien indispensable du secteur humanitaire. Elle est, en Europe, la seule association détentrice du Certificat de transport aérien (CTA), au même titre que toute compagnie aérienne. Un « statut » qui garantit la sécurité de ses vols même si leur cadre inhabituel présente de nombreux dangers. En Afrique, dans un contexte politique souvent instable, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) demeure un partenaire privilégié. Il se positionne comme un bailleur de fonds qui relaye les appels d'offres des ONG compétentes. Pour y répondre, l'association a donc basé un avion en République Centrafricaine et un autre en République démocratique du Congo. En 2015, elle était également présente en Guinée pour lutter contre le virus Ebola. Aviation Sans Frontières était alors le seul opérateur à transporter les personnes contaminées des provinces isolées jusqu'à Conakry. Une part de risque que les pilotes ont assumé.

En 2017, les pilotes d'Aviation Sans Frontières ont transporté 3 830 passagers (équipes médicales, malades et personnel associatif) et 80 tonnes de secours d'urgence humanitaire. Au total, 1 608 heures de vol ont été effectuées à partir des bases de Bangui (République Centrafricaine) et de Dungu (République démocratique du Congo).

© ZEPPELIN







LES PHOTOGRAPHES ZEPPELIN
Géographes et photojournalistes, Bruno VALENTIN et Julien PANNETIER ont fondé ZEPPELIN en 2008. Ils travaillent main dans la main pour ramener des reportages comme autant de témoignages. Du golfe du Bengale à l'aiguille du Midi, des moines de la Grande Chartreuse aux officiers de la Marine nationale, ils signent toutes leurs images ZEPPELIN.
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