[En périphérie de Tall Tamr, Rojava, Syrie]
Haitam supervise la récole sur des terres qu'il exploite en fermage. « Ici avant, on cultivait du coton et du blé en abondance grâce au système d'irrigation fourni par Hassaké ou Serê Kaniyê, mais tous deux se sont arrêtés », se rappelle l'agriculteur. Maintenant que la Khabour est asséchée, il doit changer progressivement pour du cumin, de l'orge et des légumes (oignons, carottes). « Ces cultures consomment moins d'eau que le coton et le blé, mais aujourd'hui on dépend des puits, ce qui nécessite beaucoup d'énergie pour le pompage », explique-t-il. Haitham utilise des panneaux solaires pour pomper dans un puits d'eau non potable et irriguer ses cultures, mais les autres puits restent inutilisés par manque de carburant. Pour fournir de l'eau à sa famille, il commande un camion-citerne d'eau chaque semaine en provenance de la région d'Hassaké.
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[Entre Tall Tamr et Hassaké, Rojava, Syrie]
Samir et Amira Abraham sont un couple de fermiers assyriens, une communauté chrétienne du Nord-Est de la Syrie. Ils n'ont pas fui la guerre, et avec leurs proches, ils font partie des trois dernières familles restantes dans leur village, près de Tall Tamr. Derrière leurs champs, un bras de la rivière Khabour, désormais tarie, était utilisé pour l'irrigation jusqu'à la fin des années 1990. « Les puits construits à Serê Kaniyê permettaient ensuite, avec les quelques pluies, d'obtenir de l'eau pour continuer l'agriculture en été, mais aujourd'hui ce n'est plus possible », confie Samir. Ils n'utilisent leurs terres plus qu'en hiver pour un peu de blé et des légumes, faute d'eau et de moyens pour irriguer le reste de l'année. L'eau de consommation, elle, doit être importée par camion-citerne depuis que la station de pompage d'Alouk est occupée par la Turquie.
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[En périphérie de Qamishlo, Rojava, Syrie]
Un jeune garçon guide quelques buffles du troupeau familial sur les rives presque sèches et polluées d'un bras de la rivière Jaghjagh, à Qamishlo. Sa famille élève ces animaux depuis plusieurs générations, une activité héritée de leurs ancêtres venus d'Irak il y a plus de cinquante ans. Autrefois source de vie et d'abondance, la Turquie a coupé le flux du fleuve Jaghjagh et a commencé à y déverser ses eaux usées, ce qui a contaminé les eaux jusqu'à Qamishlo et entraîné la propagation de maladies.
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[Entre Qamishlo et Hassaké, Rojava, Syrie]
Depuis la fin des années 1990, la baisse du niveau d'eau pousse les éleveurs à déplacer leurs vaches gestantes ou taries, de mars à octobre, vers Raqqa. Là-bas, les pâturages des berges de l'Euphrate et l'eau sont encore accessibles. Mais avec la hausse des coûts de l'énergie, cette manœuvre forcée pèse sur leurs activités. Le lait de bufflonne de cette région reste très populaire pour produire du qarysha (un fromage typique) et du kimer, un mets traditionnel semblable au beurre qui symbolise l'identité de la ville.
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