[Gabès, Tunisie]
Les pêcheurs gabésiens ont vu leur activité condamnée par l'industrie. Mabrouk, pêcheur propriétaire d'un bateau, est aujourd'hui forcé d'en partager les frais avec trois collègues. Le rendement de la pêche à Gabès a connu une baisse vertigineuse de 44 % entre 2000 et 2015, passant de 23,4 à 13,1 tonnes par bateau, contre une hausse de 52 % à Médenine, à 75 km de là.
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[Gabès, Tunisie]
Mounir et Atef utilisent le bateau de Mabrouk, avec un troisième. Ils ne remontent plus que quelques kilos de poisson par jour, quand leur pêche atteignait plusieurs tonnes il y a encore vingt-cinq ans. « Avec le prix du gasoil et les efforts que l'on fournit, on n'entre même pas nos frais, regrette Atef. Il n'y a plus rien à gagner, si ce n'est de la fatigue. »
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[Gabès, Tunisie]
Selon un rapport de la Commission européenne de 2018, 95 % de la pollution atmosphérique de Gabès est imputable à la fumée rejetée par le Groupe Chimique Tunisien. Ces gaz blancs et jaunes, qui forment un dôme inquiétant au-dessus de la ville, sont constitués de particules fines, d'oxyde de soufre, d'ammoniac et de fluorure d'hydrogène. Des composantes toxiques qui peuvent provoquer de l'asthme, le cancer du poumon et entraîner une mort prématurée.
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[Gabès, Tunisie]
À Chatt Essalem, la maladie sévit tellement qu'elle s'est banalisée. Mahmoud, 74 ans, a récemment perdu sa femme d'un cancer. Lui-même, guéri de la maladie depuis six mois mais affaibli, ne peut plus combattre l'industrie comme il le faisait auparavant. Les habitants du quartier se sentent abandonnés par les autorités. Las, aucune étude sérieuse n'a été menée pour prouver le lien entre la multiplication de pathologies de Chatt Essalem et le Groupe Chimique Tunisien.
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